– Il y a un malaise depuis un moment.
– Oui, j’aime pas ça. Comme si les émotions qui nous habitaient avaient changé.
– Tu sais comment le faire disparaitre ?
– J’ai remarqué qu’il y a de plus en plus de gens qui hurlent. En criant très fort ?
– Sur qui ?
– Sur le malaise.
– Et je le trouve où ?
– Il est partout.
– Je dois crier partout ? Sur tout le monde ? Sur moi-même ? Imagine : je me lève le matin et je me crie à moi-même avec la voix encore rauque : « qu’est-ce que t’as fait cette nuit ? T’as dormi comme si de rien n’était ? Comme si y’avait pas de malaise ? Paresseuse ! »
– Moi, je ne dors plus.
– Tu cries la nuit ?
– Le voisinage se plaint. Il me crie d’arrêter de crier.
– Peut-être ne dois-je rien faire, accepter le malaise et vivre avec lui en restant chez moi…
– Quand il frappe à ta porte de plus en plus souvent, c’est impossible. Je crains qu’il passe par la serrure sans ta permission. Il le fait déjà.
– Je me tais et j’attends qu’il passe son chemin. Enfin, j’espère…
– Toute seule, abandonnée à la mitrailleuse des images et des slogans qui viennent de partout : une vraie proie pour le malaise.
Tu parlais d’espérer… Ca ressemble davantage à une attente vide…
Pourquoi ne pas espérer ensemble ?
– Comment ?
– J’aime marcher en montagne. La beauté des cailloux qui touchent le ciel, ça m’enchante.
– La montagne est loin de tout, j’ai peu de sous et je n’aime pas trop marcher. Je crains de ne pas pouvoir…
– Je connais un refuge tout proche qui ne nécessite pas de pouvoir… Tu t’y assieds à l’aise avec ton malaise et ta colère et tes déceptions, tes envies-jalousies jamais rassasiées, tes dégouts et ta haine, ta nostalgie d’avant c’était mieux. Et tu découvres que tu n’es pas seule.
– Un refuge avec d’autres…
– Parmi ces autres, il y a des artistes.
– Des artistes ? C’est pas dangereux ?
– Au contraire, ils et elles partent du chaos pour créer, réparer, étonner, pas pour détruire. Au début, tu écoutes, tu regardes, puis il arrive qu’à leur côté, tu n’aies plus peur d’avoir peur. Toutes les émotions sont bienvenues, mêmes les plus ambigües et les plus rares. Certaines n’ont pas encore de nom.
– Et quand je les reçois, qu’est-ce que j’en fais ?
– Tu en donnes tout autant.
– En fait, ton refuge est un théâtre. Tu aurais pu le dire tout de suite.
– Un théâtre avec des centaines d’artistes et des dizaines de milliers de personnes de tous âges et horizons. Des adultes, des bébés, des enfants, des jeunes qui conjuguent leurs forces, leurs sensibilités et leurs vécus.
– Tout le monde y porte fièrement les émotions qui l’animent, enfilées les unes aux autres en de magnifiques colliers.
– Et nous échangeons nos perles d’émotions.
– Nos cailloux rugueux.
– Nos pierres pas polies.
– Puis je sors dans la rue, en portant les perles invisibles que j’ai reçues.
– Peut-être tu te sens belle et légère, ou alors tu t’en fiches pour la première fois, et moi aussi et elles, vous, lui aussi.
– Là, dans la rue, nous nous rapprochons, nous nous serrons à notre tour pour former un étrange et immense bijou.
– Brillant de clarté.
– Et nous dansons !
– Nous crions, nous chantons, nous manifestons toutes nos émotions troquées !
– Pendant ce temps, le malaise frappe à ta porte. Mais tu n’es pas là. Maintenant, chez toi, c’est aussi une montagne, la rue, les autres, un refuge.

Le projet artistique, culturel, éducatif est à l’image de ce lieu: étonnant, multiple, complexe, vivifiant.
Quel que soit le chemin utilisé, on gravit, on se perd, on découvre, on s’élève, on grandit.
Comme dans une maison, enfants, jeunes et adultes (enseignants, puéricultrices, parents, grands-parents, artistes…) y cohabitent le temps d’une rencontre, d’un spectacle, d’un atelier, d’une formation.
D’autres l’ont traversée avant nous. Dès 1801, des chevaux et des calèches, une famille et le personnel de service, des hommes en hauts de forme et des dames en robes de bal. C’était alors une maison avec une cour intérieure (devinez laquelle).
Fin du 19ème siècle, la maison laisse place à… une banque coloniale. La cour devient une verrière qui accueille la salle des guichets, une salle des coffres est construite avec grilles, verrous et portes blindées.
Bien plus tard, en 1972, la Ville de Bruxelles fonde le Théâtre des Jeunes de la Ville de Bruxelles. La verrière est recouverte d’un toit, la salle des guichets devient salle de spectacle.
Un lieu hors du commun où les élèves de toutes les écoles de la Ville viennent découvrir des spectacles créés uniquement pour elles et eux. De jeunes adultes y apprennent le métier d’artiste de A à Z: jouer, construire des décors, coudre des costumes… C’est là que se rencontrent les futur·es fondateurs et fondatrices des compagnies jeune public telles que le Théâtre de Galafronie, Gare centrale, le Papyrus, Les Mutants…
Début des années 90, le théâtre tombe à l’abandon. En 1995, deux passionnés de théâtre, d’éducation et de jeunesse sont invités par l’échevine de la Culture de la Ville à donner vie au plus beau de leurs rêves. Il et elle créent La montagne magique, inspirée du roman éponyme de Thomas Mann. Le 57 rue du Marais est entièrement rénové, de nouvelles salles voient le jour.
Roger Deldime et Jeanne Pigeon ne sont plus des novices. L’un fut enseignant dans le fondamental puis à la Haute École Charles Buls. Il a fondé le Centre de Sociologie du Théâtre à l’ULB. Il a participé aux fondements de l’éducation culturelle et artistique d’une part en développant de nombreux projets avec ses étudiants mais aussi sur le terrain du théâtre jeune public tel qu’il existe encore aujourd’hui, d’autre part en prenant le temps de la réflexion et de la pensée. Il multiplie les études, publications et articles et participe au déploiement et au rayonnement de l’éducation culturelle et artistique à travers colloques internationaux et interventions écrites en Belgique, Europe, Amérique, Afrique…
Sa compagne-muse-épouse est licenciée en langues classiques, comédienne et a accompagné Roger Deldime dans son travail de recherche et de publication, de médiation et d’animation. Les enseignant·es qui sont passés par un de ces ateliers s’en souviennent avec une immense joie. La Mémoire du jeune spectateur de théâtre fut un des livres fondateurs qu’elle co-rédigea.
Ensemble, il et elle donnent corps à ce qu’ils ont étudié et expérimenté durant de longues années: un théâtre-centre d’éducation culturelle et artistique pour les jeunes et tous les adultes qui les accompagnent, unique en Belgique francophone. Voir-Faire-Se Former en sont les trois piliers. Les fondations du projet ont été solidement réfléchies et posées, aujourd’hui encore nous en constatons et admirons la pertinence.
Depuis mars 2020, c’est le jardin du théâtre qui se métamorphose. Plantes aromatiques, fleurs, arbres fruitiers et fraisiers en tout genre, fleurs et légumes y prospèrent, pour le grand plaisir des oiseaux et des papillons. Des spectacles l’habitent le temps de quelques représentations.
Tout au long de ces années, des rumeurs et légendes sont nées. Wellington aurait séjourné dans cette maison et fait la fête lors de sa victoire sur Napoléon, un fantôme habiterait la maison, laissant ci et là des traces de son passage… Autant de secrets à découvrir dans les témoignages suivants.
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