Une partie de l’équipe a passé la semaine au festival Spectacles en recommandé, organisé par la Ligue de l’Enseignement et qui s’est déroulé cette année à Metz.
Au programme: des spectacles, des temps d’échanges et de rencontres enrichissantes.
Et le constat que nous sommes confrontés aux mêmes réalités de terrain et à des questionnements similaires quant à la réorganisation de l’éducation artistique (PECA en Fédération Wallonie-Bruxelles, EAC en France).
Nous partageons ci-dessous l’édito de la vice-présidente de la Ligue de l’enseignement en charge des Arts et de la Culture, Hélène Lacassagne.
Plus que jamais!
Un homme s’apprête à planter un arbre. C’est Erri de Luca qui raconte.
“Un arbre a besoin de deux choses: de substance sous terre, et de beauté extérieure. Ce sont des créatures concrètes mais poussées par une force d’élégance. La beauté qui leur est nécessaire c’est du vent, de la lumière, des grillons, des fourmis et une visée d’étoiles vers lesquelles pointer la formule des branches. Le moteur qui pousse la lymphe vers le haut dans les arbres, c’est la beauté, car seule la beauté dans la nature s’oppose à la gravité. Sans beauté l’arbre ne veut pas. C’est pourquoi je m’arrête à un endroit du champ et je lui demande: ici tu veux ?”
Plus que jamais sans doute, les enfants ont besoin de cette beauté, qui les fait grandir, comme ici elle fait pousser les arbres.
Parce que le monde que nous leur offrons est périlleux. Il suffit pour s’en convaincre de penser à l’incurie planétaire face à l’urgence écologique, à l’aggravation des injustices sociales, et au retour aux devants de la scène médiatique de discours qui nous rappellent les heures les plus sombres de notre histoire, celles de la « destruction des inoffensifs ».
Plus que jamais les enfants ont besoin d’apprendre à penser par eux-mêmes et à se situer dans le monde.
Plus que jamais les enfants ont besoin des arts et des artistes.
Plus que jamais ils ont besoin des ces instants si particuliers de la représentation où s’agrègent en chacun, l’étrange, l’étranger, le vivant, l’indignation, l’empathie, la tendresse, l’émerveillement, l’émotion, les questions, la pensée… et où se forme le goût de l’altérité.
Plus que jamais ils ont besoin du plaisir de fréquenter les oeuvres et de créer (mieux que de participer).
Plus que jamais ils doivent tenir leur place à l’atelier des artistes.
Et, plus que jamais, nous avons à favoriser leur émancipation.
Alors, pour cette semaine dédiée à l’enfance et au spectacle vivant, nous aurons la joie d’être ensemble spectateurs, acteurs, passeurs, ingénieurs et bricoleurs du sensible…
Et nous serons avides de découvrir les propositions artistiques que les amis du groupe national Spectacle vivant de La Ligue de l’enseignement ont rassemblées pour les enfants, avec le désir, peut-être, de leur glisser à l’oreille cette phrase d’Alain Kerlan: « Le monde, vous y compris, est une création permanente, n’oubliez pas d’y prendre part, et pas comme un simple exécutant ».